Canada : une interdiction des saveurs dans les e-liquides pourrait entrainer une reprise à la hausse du tabagisme

L'Actu de la vape 70

Canada : une interdiction des saveurs dans les e-liquides pourrait entrainer une reprise à la hausse du tabagisme

Alors que le Canada se prépare à annoncer de nouvelles mesures de régulation pour la e-cigarette, les associations de vape tirent le signal d’alarme.

Tandis que le Royaume-Uni encourage la vape avec pour résultat une baisse significative du nombre de fumeurs, le reste des grandes puissances du globe ne semblent pas désireuses de s’inspirer de cet exemple et se sont engagées dans une incompréhensible croisade contre la cigarette électronique.

C’est notamment le cas du Canada, qui s’apprête à annoncer une nouvelle réglementation plus restrictive sur les produits de la vape. Les saveurs de e-liquides ainsi que le taux de nicotine sont les premiers visés, avec une interdiction de tous les arômes autres que menthe/mentholé et tabac, ainsi qu’une limitation du taux de nicotine à 20mg/ml.

Alors que cette dernière est parfaitement défendable, puisqu’elle permet de diminuer la force d’addiction des produits, et ce notamment chez les jeunes qui expérimentent la vape, de nombreux acteurs de ce secteur mais aussi des professionnels de la santé s’indignent de l’interdiction des saveurs. Car, comme le prouve le rapport commandé par le ministère de la Santé canadien lui-même, cette loi pourrait bien favoriser une reprise à la hausse du tabagisme chez les Canadiens.

Sans les saveurs, les vapoteurs pourraient se remettre à fumer

Le 19 juin dernier paraissait dans The Canada Gazette le rapport commandé par Health Canada (le ministère fédéral de la santé canadien) sur les différentes politiques à l’étude concernant la cigarette électronique. Parmi les options envisagées, l’interdiction des saveurs autres que le menthol/menthe et le tabac dans les e-liquides est celle préconisée.

Une recommandation largement incomprise, car cette mesure pousserait de nombreux vapoteurs et doubles utilisateurs à se remettre à fumer -et c’est ce même rapport qui en fait état. On peut notamment lire à la page 140 (en français et en anglais si vous voulez le consulter que 46% des utilisateurs étant également fumeurs, « La perte totale de profits pour les membres de l’industrie du vapotage qui sont également des fabricants de produits du tabac peut être atténuée par les achats accrus de produits du tabac par les doubles utilisateurs qui recommenceraient uniquement à fumer et par les adultes qui fument qui continueraient à fumer au lieu de passer à des produits de vapotage aux arômes de tabac ou de menthe/menthol. »

 Ce constat, c’est donc celui d’une mesure qui favoriserait une reprise du tabagisme -et qui, accessoirement, profiterait à l’industrie du tabac tout en tuant les artisans de la vape indépendants.

Shai Bekman, président de Dash Vapes inc., la plus grande entreprise de e-cigarette indépendante de ce pays, s’indigne donc à juste titre que « Health Canada pousse les fumeurs à se remettre à fumer et dans les bras de "Big Tobacco" ».

Bien que le PDG de Dash Vape soutienne la limitation à 20mg/ml de nicotine dans les e-liquides ainsi que l’interdiction de la publicité aux moins de 19 ans, il met le doigt sur l’incohérence de l’interdiction des saveurs : « En quoi interdire les saveurs dans la vape pourrait-il aider les Canadiens qui essaient d’arrêter de fumer ? C’est comme dire aux alcooliques en rémission qu’ils n’ont pas le droit de boire du thé glacé au citron. À la place, ils doivent boire des bières sans alcool. Est-ce que cela paraît sensé ? »

Et en effet, une grande partie de l’attractivité de la vape est due aux saveurs qu’elles proposent et qui compensent le fait qu’elles ne procurent pas un sentiment de satisfaction aussi intense que de fumer du tabac, du moins dans la phase de transition. Une étude de la célèbre Yale School of Public Health a d’ailleurs récemment montré que ces mesures étaient contreproductives, et avait notamment provoqué une augmentation du tabagisme chez les jeunes à San Francisco.

Une mesure pour protéger la jeunesse -ou du moins en apparence

Si Health Canada est si pressé de faire passer cette mesure qui pourrait être mise en application dès le 1er janvier 2022, c’est entre autres à cause de ce qui a été nommé « The Youth Vaping Crisis » (La crise de vapotage de la jeunesse), qui se traduit par une augmentation du nombre de jeunes expérimentant le vapotage.

Cette inquiétude a encore été exacerbée de la fin de l’été 2019 au début de l’année 2020, période durant laquelle plusieurs jeunes canadiens ont en effet été frappés par une vague de pathologies pulmonaires qui ont par la suite été attribuées à l’utilisation de e-liquides au THC de provenance illicite. Bien que légale pour les adultes de plus de 18 ans ou 19 ans (selon les provinces), cette molécule reste interdite à la consommation pour les mineurs, ceux qui les a poussés à s’en procurer au marché noir. Les pathologies pulmonaires graves qui avaient rendu malades 17 personnes et conduit 14 autres à l’hôpital avaient ainsi été provoquées par une addition d’acétate de vitamine E dans les liquides, additif strictement interdit dans les produits licites.

Malgré le fait que les produits de vape nicotinés et légaux ne soient pas en cause, Health Canada semble malgré tout décidé à jeter le bébé avec l’eau du bain. Une façon de procéder aussi expéditive que risquée (mais il semble que l’adhésion du public soit plus importante que sa santé) qui a poussé Shai Bekman à envoyer une lettre au ministre fédéral de la Santé canadien, ainsi qu’à tous les ministres de la Santé des différentes provinces canadiennes, pour leur demander des comptes sur le statut de l’enquête criminelle menée sur ce scandale sanitaire.

L’homme qui n’a décidément pas sa langue dans sa poche les accuse de laisser les trafiquants s’en sortir en toute impunité pour des actes qui ont mis en danger la vie de plusieurs personnes, mais aussi de maintenir la confusion entre les fabricants de e-liquide nicotinés légaux et de qualité, et ces produits à base de THC illicites.

À qui profite le crime ?

Un autre point fondamental qui ressort de l’étude commandée par Health Canada, ce sont les potentiels bénéficiaires d’une interdiction des saveurs. Car oui, ce rapport analyse les potentiels bénéfices-risques de cette nouvelle mesure en termes de gros sous : comme vous pouvez le constater par vous-même dans l’extrait suivant, si le vapotage n’est pas recommandé, c’est tout simplement parce qu’il n’a pas encore permis à assez de fumeurs d’arrêter de fumer pour que le Canada rentre dans ses frais.

Le rapport de la Gazette du Canada prévoit une reprise du tabagisme

Le rapport de la Gazette du Canada prévoit une reprise du tabagisme

Si les fabricants de e-liquides indépendants sont donc promis à un naufrage assuré, ce ne sera pas le cas des fabricants de tabac qui fabriquent également des e-cigarettes et des e-liquides.

Enfin, dernier constat atterrant, cette loi prévoit aussi une augmentation de plus de 70% du prix des cigarettes, ce qui favoriserait la contrebande, et ce plus particulièrement vers les réserves mohawks qui ne sont pas soumises aux mêmes législations. De la même façon que les Français n’hésitent pas à traverser la frontière espagnole ou belge pour se procurer des cigarettes à bas prix, il ne fait pas de doute que les Canadiens n’hésiteront pas à se déplacer pour payer un paquet à 4$ (environ 2€70) au lieu de 20$ (environ 13,5€).

Conclusion

Comme c’est le cas pour la TPD qui se prépare dans les méandres de la Commission européenne, les associations de vape telles que la CVA (The Canadian Vaping Association) s’indignent que les principes de réduction des risques ne soient pas respectés par les gouvernements mêmes qui les ont édictés.

Car oui, un vapoteur n’est vraiment à l’abri des dommages du tabac que s’il arrête totalement de fumer, mais il est la plupart du temps nécessaire de passer par une phase de transition où l’on vapote et fume en même temps avant de parvenir à arrêter totalement. Nous entrons alors dans un paradoxe qui va devenir insoluble si cette loi, similaire à celle que prépare la TPD, entre en vigueur : comment les doubles utilisateurs pourraient-ils devenir des vapoteurs à 100% si avant même d’effectuer cette transition ils sont dissuadés de vapoter ?

C. Camille : Défiant tous les pronostics, cette fan inconditionnelle de pandas qui a toujours eu la tête dans les nuages a fini par trouver sa voie en devenant rédactrice pour A&L.
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