L’UE veut taxer la vape sur la même base que le tabac

L'Actu de la vape 331

L’UE veut taxer la vape sur la même base que le tabac

Début mars, la Commission européenne a publié un communiqué visant à définir sa ligne d’action durant les 5 années à venir dans le plan européen pour vaincre le cancer. Et cela est de très mauvais augure pour les vapoteurs…

Le 3 février dernier, la Commission européenne a communiqué son plan pour vaincre le cancer pour les 5 années à venir, et parmi les multiples volets qu’il comporte se trouve des recommandations qui traitent de la question du tabagisme. Que cela a-t-il à voir avec la vape ? Lorsque l’on connaît le fonctionnement de la cigarette électronique, exempte de toute combustion et de tabac, ou que l’on se penche sur les nombreuses études qui démontrent qu’elle est 95% moins nocive que la cigarette, à priori pas grand-chose, si ce n’est la nicotine -et encore, car cette substance n’est pas cancérigène.

Aux vues de l’efficacité de la cigarette électronique dans le sevrage tabagique, l’on pourrait donc s’attendre à ce que l’Europe la voie comme un rempart face au fléau qu’est le tabac. Il n’en est rien : il semblerait au contraire que pour l’Europe tabac et e-cigarette soient comme bonnet blanc et blanc bonnet.

L’UE continue de répandre la désinformation sur la vape

Aucune exagération dans ce propos, preuve en est le texte même de cette communication, qui entend créer une génération sans-tabac d’ici 2040 « à travers la mise en application rigoureuse de la convention-cadre pour la lutte antitabac européenne et son adaptation à ses évolutions récentes et aux tendances du marché, ce qui inclue une législation plus stricte des nouveaux produits » (traduction de l’auteur). Nouveaux produits du tabac qui, comme le précise une note de bas de page, incluent la e-cigarette.

Dès le deuxième paragraphe du chapitre sur le tabagisme, tabac et e-cigarette sont donc mis dans le même panier, ignorant en toute impunité plus d’une décennie de recherches scientifiques qui prouvent (du moins pour celles pourvues d’une réelle rigueur scientifique) qu’ils n’ont rien à voir.

Et pourtant, l’introduction laissait entrevoir une lueur d’espoir, annonçant une volonté « d’améliorer l’accès et la compréhension des facteurs de risque ». Quel dommage que, quelques pages plus loin seulement, elle balaye ses propres objectifs en continuant de répandre et en adhérant de façon si désinvolte aux fausses informations et aux amalgames que subit la cigarette électronique depuis ses débuts.

Cela paraît d’autant plus aberrant lorsque l’on se rappelle qu’une consultation publique ayant reçu plus de 11 000 réponses en 2018 avait révélé que ses répondants estimaient à 88,9% que la vape n’était pas un produit du tabac, et qu’elle ne devait en conséquence pas être taxée à l’identique. Pourtant, il semblerait que l’UE soit bien décidée à ignorer cette majorité qui ferait pâlir d’envie n’importe quel candidat à des élections démocratiques.

Qu’est-ce qui risque de changer pour le monde de la vape ?

Pour l’instant, ce texte n’a aucune valeur législative, mais cette prescription se veut donner le ton pour les législateurs durant les 5 années à venir. C’est un oiseau de très mauvais augure car, si les différentes mesures qu’elle préconise sont mises en application, cela risque non seulement de mettre un coup d’arrêt à l’élan qui pousse de plus en plus de personnes à abandonner la cigarette pour la vape, mais peut-être même de pousser des vapoteurs convertis vers leur ancien poison. 

Voyez vous-même :

Taxer de façon identique le tabac et les produits que l’UE considère comme de nouveaux produits du tabac (alors que, rappelons-le, la majorité des produits de la vape sont créés par des entreprises qui ne sont en aucune manière affiliées à l’industrie et au lobby du tabac, car ils n’en contiennent tout simplement pas). Fini l’aspect économique de la vape qui est une forte motivation à abandonner la cigarette pour beaucoup de fumeurs.

Des emballages neutres : comme pour les paquets de cigarettes, aucune démarcation marketing entre les différents produits.

Interdiction de la publicité.

Interdiction des saveurs dans les produits de la vape, donc des e-liquides uniquement constitués de propylène glycol, de glycérine végétale et de nicotine, soit la définition même du mot « fade » qui ne manquera pas de faire regretter aux vapoteurs leurs bonnes vieilles cigarettes.

Extrait du communiqué de la Commission européenne du 03.02.2021

Extrait du communiqué du 03.02.2021

Nul besoin d’une analyse étendue de ces propositions pour voir leurs contradictions affleurer de toutes parts. Il est tout de même navrant de noter que les seules mesures concrètes qu’elles suggèrent concernent des réglementations et des taxations, sans aucune mention des potentiels bénéfices de la vape comparés à la dangerosité de la cigarette et de son efficacité dans l’arrêt du tabac. Et ce, alors même qu’elle déclare avec éloquence quelques pages plus haut que « la prévention est plus efficace que n’importe quelle cure » …

Alors que, pendant ce temps-là, nos voisins d’Outre-Manche prennent cette direction malgré leur sortie récente de l’UE. Leur Ministère de la Santé a par exemple publié en 2019 un communiqué visant à éliminer certains mythes autour de la cigarette électronique, et il la reconnait comme un moyen très efficace d’arrêt du tabac et de réduction des risques. Lorsque l’on sait à quel point le Royaume-Uni est à la pointe de la recherche médicale, on se dit que certains feraient bien d’en prendre de la graine….

Un reflet de l’hostilité de l’OMS à l’égard de la cigarette électronique

Ce communiqué ne traduit pas une hostilité affichée envers la cigarette électronique, et c’est peut-être ce qu’il y a de plus scandaleux, car elle la considère d’emblée comme coupable des mêmes maux que la cigarette. Et tant pis pour la présomption d’innocence et les preuves qui réfutent sa culpabilité.

Ce que l’on pourrait qualifier de manque d’ouverture d’esprit quant à un outil certes inhabituel au regard de ceux qu’elle privilégie habituellement s’explique notamment par le fait que l’UE s’appuie beaucoup sur les préconisations de l’OMS.

Cette organisation a en effet un long passif avec la vape, qu’elle voit d’un mauvais œil depuis ses débuts. Courant 2019, l’OMS avait par exemple publié un rapport qui descendait en flamme le vaporisateur personnel et dans lequel elle recommandait aux États de le classer dans la catégorie « produit nocif ». Elle persiste et signe en janvier 2020 à l’occasion d’une foire aux questions dans laquelle elle diabolise une fois de plus la e-cigarette.

Lorsque l’on considère l’influence de l’OMS sur l’opinion publique et les médias, il n’y a rien d‘étonnant à ce que l’UE se range à cette position. Ce qui est plus étonnant, c’est que toutes deux semblent oublier un des principes édictés dans la Convention-cadre de la lutte antitabac de 2003, à savoir la réduction des risques.

Car oui, la e-cigarette n’est pas un produit totalement neutre, mais lorsque l’on voit que vapoter est 95% moins nocif que de fumer (et l’on ne parle pas de la nocivité pour l’entourage, qui est selon plusieurs études à la limite de la signification clinique), l’on comprend pourquoi de nombreux médecins estiment que cela vaut le coup d’en passer par là pour arrêter de fumer.

Seul l’avenir dira si ces paroles se transformeront en mesures concrètes, mais une chose est sûre, la vaposphère ne compte pas se laisser faire sans réagir.

Ce ne serait d’ailleurs pas la première fois que les positions hostiles de l’OMS à l’égard du vapotage suscitent de telles réactions, et ce notamment dans la communauté scientifique laissée perplexe par ces déclarations qui déforment la réalité. En 2018, cela a par exemple mené 70 scientifiques à adresser une lettre à l’OMS pour l’inciter à reconsidérer son approche face à « ces technologies [qui] offrent la perspective de gains significatifs et rapides en matière de santé publique grâce à la réduction des risques liés au tabac ».

Un mois avant la publication de cette communication, la CAPHRA, une organisation de défense du vapotage basée en Asie qui prône elle aussi l’approche de la réduction des risques, avait déjà publié un livre blanc qui demandait à l’OMS de « cesser de colporter des mensonges ».

En s’appuyant sur des rapports d’études menées un peu partout à travers le monde, elle réfutait les accusations de l’OMS qui accusait la vapote de favoriser le risque d’infection au COVID-19, et ce malgré les conclusions qu’elle avait elle-même publiées dans un rapport datant de juin 2020.

Conclusion

Si les réactions quant à ce communiqué de l’UE ne tarderont pas à se faire connaître à leur tour, le peu de résultats que ce genre d’action a eu jusqu’à présent ne laissent malheureusement que peu de place à l’optimisme.

La mise en place de ces mesures pourrait avoir des conséquences dramatiques sur les vapoteurs convertis comme sur les fumeurs prêts à sauter le pas. Entre taxes astronomiques et interdiction des saveurs, l’engouement de plus en plus répandu des Européens pour la cigarette électronique comme méthode d’arrêt du tabac risque d’en prendre un sacré coup, et même peut-être pousser certains vapoteurs à retourner vers le tabac.

Et c’est sans compter sur le fait que cela va tuer un secteur économique fleurissant dans une période où l’économie mondiale est mise à mal par la pandémie du COVID-19…

C. Camille : Défiant tous les pronostics, cette fan inconditionnelle de pandas qui a toujours eu la tête dans les nuages a fini par trouver sa voie en devenant rédactrice pour A&L.
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