Augmentation du tabagisme à San Francisco après l'interdiction des saveurs dans les e-liquides

L'Actu de la vape 138

Augmentation du tabagisme à San Francisco après l'interdiction des saveurs dans les e-liquides

En 2019, le nombre d'adolescents fumeurs a doublé à San Francisco alors qu'il continuait de diminuer dans les villes alentours. La raison de cette augmentation inquiétante ? L'interdiction des saveurs dans les e-liquides.

Un peu partout dans le monde, les mouvements anti-vape tentent de passer des lois interdisant les arômes dans les e-liquides pour cigarettes électroniques. Accusés d’inciter les personnes, et plus particulièrement les jeunes, à se mettre au vapotage alors qu’ils ne fumaient pas, ces suspicions n’étaient pour l’instant corroborées par aucune étude.

Cela n’a rien d’inhabituel : que ce soit aux États-Unis où les plus fervents détracteurs de la vape sont paradoxalement les associations antitabac, ou en Europe, la cigarette électronique ne cesse d’être accusée sans preuve à l’appui de causer des maux en tous genres.

Pire encore, alors qu’elle est considérablement moins dangereuse pour la santé que la cigarette, elle semble bien plus inquiéter les législateurs que cette dernière qui est pourtant responsable d’un mort sur cinq aux USA. Voilà donc une étude qui devrait, espérons-le, faire réfléchir les décideurs des politiques de santé publique tant dans ce pays que sur notre continent.

Une augmentation du tabagisme causée par l’interdiction des saveurs dans le vapotage

En 2018, San Francisco a été la première grande ville des USA à interdire les arômes dans les cigarettes. Les saveurs dans celle-ci, et plus particulièrement le menthol, sont en effet conçues pour rendre le goût du tabac plus plaisant et pour diminuer la sensation d’irritation provoquée par la fumée, ce qui facilite l’initiation des mineurs au tabagisme.

La cigarette électronique a ainsi subi les mêmes interdictions car elle a été considérée comme un produit du tabac, à tort puisqu’elle n’en contient pas et que la majorité des acteurs de ce marché ne sont pas affiliés à cette industrie.

Avant l’entrée en vigueur de la loi interdisant les arômes, le taux de tabagisme chez les élèves de lycée de la ville de San Francisco était similaire à ceux des villes environnantes, soit en baisse constante depuis plusieurs années. Cependant, à partir de 2019, la ville a vu une nette augmentation du tabagisme chez les adolescents alors que celui-ci continuait de baisser dans les villes limitrophes.

Et cette augmentation est plus que significative puisque 6.2% des élèves de secondaires scolarisés à San Francisco se déclaraient fumeurs, contre seulement 2.8% des élèves interrogés dans les villes alentours. Soit plus du double !

Sans la vape, les jeunes se tournent vers la cigarette

Cette étude menée par Abigaïl S. Friedman, chercheuse à la Yale School of Public Health, s'appuie sur les données collectées entre 2011 et 2019 par le Youth Risk Behavior Surveillance System’s qui a mené une enquête auprès de plus de 100 600 mineurs.

Parue dans le « Journal of the American Medical Association Pediatrics », elle révèle un autre constat très intéressant pour les politiques de santé publique à venir : les adolescents se tournent vers la cigarette s’ils ne peuvent pas se procurer des e-liquides aromatisés.

En effet, la cigarette électronique est le système de délivrance de nicotine le plus populaire auprès des jeunes depuis 2014. Plus attirés que les adultes par les produits aromatisés, il est légitime de s’inquiéter de la tendance croissante chez les jeunes Américains à vapoter car, rappelons-le, l’ingestion de nicotine avant 18 ans perturbe leur développement cognitif qui n’est pas encore achevé.

Si cette question prend une telle ampleur aux États-Unis, c’est entre autres parce que les réglementations sont bien différentes de celles auxquelles les consommateurs européens sont soumis. Les produits Juul, très populaires dans ce pays et ce particulièrement auprès des adolescents, sont pour la plupart aux sels de nicotine, produit efficace dans le sevrage tabagique mais qui du fait de sa forte assimilation par l’organisme peut renforcer l’addiction à la nicotine.

D’autre part, les normes américaines sur la concentration de nicotine dans les e-liquides limitent celle-ci à un taux maximal de 40mg/ml contre 20mg/ml en Europe. Ces taux bien plus élevés rendent l’addiction bien plus rapide et durable, et ce plus particulièrement chez les mineurs qui sont plus sensibles à la nicotine que les adultes.

S’ils ne peuvent pas expérimenter le vapotage, les jeunes expérimentent directement le tabac

Si les problématiques du vapotage chez les jeunes et de son potentiel effet passerelle vers le tabac ne sont donc pas les mêmes que chez nous, cette étude révèle cependant une autre information essentielle.

Les restrictions imposées sur la vape, que cela se traduise par une augmentation des taxes, des restrictions imposées à la vente, ou encore comme c’est le cas ici par une interdiction des saveurs, tendent à faire grossir le nombre de fumeurs, et ce même parmi les personnes qui ne fumaient et/ou ne vapotaient pas auparavant.

En effet, les arômes présents dans la cigarette électronique la rendant plus attractive que la cigarette classique, les jeunes préfèrent expérimenter avec la cigarette électronique. L’étude montre cependant que lorsque ceux-ci sont interdits, les jeunes expérimentent directement le tabac.

L’auteure de cette étude recommande cependant la prudence quant aux résultats obtenus et précise qu’il serait préférable de ne pas les généraliser, puisqu’ils ne prennent en compte qu’un laps de temps assez bref et que la tendance pourrait s’inverser par la suite.

D’autre part, dans les états ayant adopté une législation similaire, les modalités de ces restrictions n’étant pas exactement les mêmes, les études pourraient révéler des résultats différents.

Elle précise néanmoins que le cas de San Francisco devrait inciter les législateurs à la prudence. En voulant protéger la population de la vape par des politiques « du tout ou rien », les législateurs pourraient vouloir aller trop vite en mettant en place des mesures qui inciteraient la population à retourner vers le tabac, créant ainsi un problème de santé publique.

« Bien que ni fumer des cigarettes ni vapoter de la nicotine ne soient sûrs en soi, la plupart des preuves actuelles indiquent des méfaits nettement plus importants du tabagisme, qui est responsable de près d’un décès d’adulte sur cinq chaque année. Même si elle est bien intentionnée, une loi qui augmente le tabagisme chez les jeunes pourrait constituer une menace pour la santé publique. »

Déclaration de Abigaïl S. Friedman dans Yale News

Conclusion

En interdisant les saveurs dans la vape sans distinction avec le tabac, San Francisco a montré l’exemple d’une politique antitabac contre-productive. Bien moins nocif que la cigarette, le vapotage est en effet un outil de réduction des risques qui a déjà démontré son efficacité dans le sevrage tabagique.

En le rangeant d’emblée dans la même case que le tabac, les politiques de santé publique se privent d’un avantage non négligeable, et pourraient même inverser la tendance d’un tabagisme à la baisse dans les pays occidentaux depuis plusieurs années.

Espérons donc que la Commission européenne prendra en compte cette étude avant de voter la prochaine TPD !

C. Camille : Défiant tous les pronostics, cette fan inconditionnelle de pandas qui a toujours eu la tête dans les nuages a fini par trouver sa voie en devenant rédactrice pour A&L.
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