La Chine fait main basse sur les e-cigarettes
L'Actu de la vape 23/12/2021 , mis à jour le 23/12/2021 à 15:50 515

Fin novembre, la Chine a annoncé sa décision d’étendre son monopole sur le tabac à tous les produits de la vape, ce qui pourrait bien avoir des répercussions majeures sur le marché mondial de la cigarette électronique.
Le 26 novembre dernier, l’État chinois a annoncé qu’il s’apprêtait à étendre le monopole qu’il détient sur l’industrie du tabac de son pays aux cigarettes électroniques. Une décision qui pourrait bien avoir des conséquences importantes aussi bien sur le niveau déjà élevé de tabagisme de sa population que sur la production des produits de la vape vendus partout dans le monde.
Une mesure qui va rapporter gros à la Chine en revenus fiscaux
Grâce à son monopole sur l’industrie du tabac de son pays, la China National Tobacco Corporation est devenu le plus gros producteur de tabac au monde. Et, autant dire que la Chine étant également le pays le plus peuplé du monde, cela rapporte gros à l’État. Selon l’OMS, plus de la moitié des hommes de ce pays fument, ce qui ne rapporte pas moins de 5.45 % de toutes les recettes fiscales du pays.
Mais voilà que, depuis quelques années, une ombre ne cesse de grossir dans ce beau tableau fiscal : la vape, qui bien qu’encore très peu répandue dans le pays, est une industrie qui connait une croissance fulgurante de plus de 70 % par an depuis 2013, tout en convertissant au passage un certain nombre de fumeurs qui cessent de financer les précieuses taxes.
Pour l’État chinois, il devenait donc urgent de mettre fin à la fuite des capitaux et des fumeurs vers la cigarette électronique jusqu’à présent située dans une zone grise de la législation. Pour ce faire, quoi de mieux que de lui imposer les mêmes taxes et restrictions qu’au tabac ?
Bon, comme vous vous en doutez, ce n’est pas tout à fait ainsi que la Chine présente ce projet.
La vape est à présent au mains du gouvernement chinois
Les actions de la plus grosse entreprise de e-cigarette chinoise en chute libre depuis l’annonce de l’amendement
Le gouvernement chinois l’annonce comme un moyen de contrôler la qualité des produits puisque, comme les produits du tabac, la cigarette électronique sera soumise à des normes de qualité. Les fabricants devront ainsi être enregistrés auprès de la STMA (l’Administration du Monopole d’État du tabac), et les produits devront obtenir une licence.
Espérons donc que ce chamboulement œuvrera pour une meilleure transparence et une fiabilité accrue des produits de la vape ! C’est ce point que mettent en avant la plupart des fabricants interrogés sur le sujet pour exprimer leur approbation envers cette mesure — mais, la Chine étant loin d’être un pays où la liberté d’expression est reine, il y a fort à parier qu'en réalité ils sont loin d’être ravis de voir leurs entreprises florissantes tomber aux mains de leur gouvernement.
Une entreprise comme RELX Technology, la plus grosse marque chinoise de e-cigarette, a par exemple déclaré « soutenir fermement » cet amendement. Pourtant, derrière son sourire de façade elle doit grincer des dents puisque ses actions ont déjà chuté de 15 % depuis que l’amendement est passé au Conseil d’État chinois.
Une décision qui impactera la vape au niveau mondial
Entre dividendes et santé publique, il faut choisir, et cette décision montre clairement quel camp le gouvernement chinois a choisi. Dans un pays qui compte plus de 300 millions de fumeurs, appliquer la même réglementation aux produits du tabac et à la vape implique une augmentation substantielle du prix des produits, et donc risque de dissuader les Chinois d’abandonner leur poison pour une alternative plus sûre mais tout aussi chère.
De notre côté du globe, nous risquons aussi d’être impactés, puisque la majorité des cigarettes électroniques sont produites en Chine.
En outre, l’Europe, l’Amérique et le Royaume-Uni ont déjà une réglementation particulièrement stricte en ce qui concerne les normes imposées aux produits qui entrent sur leur territoire. Les fabricants chinois craignent donc que les normes de la STMA n’ajoutent un poids supplémentaire qui finisse de verrouiller totalement l’industrie de la cigarette électronique.
Cependant, cette décision n’a pas effet immédiat. Il va y avoir une période de transition jusqu’à la finalisation des textes de réglementation, période durant laquelle les fabricants pourront continuer leur activité sans perturbation. En revanche, les nouvelles entreprises ne pourront pas recevoir le soutien d’investisseurs ni commercialiser de nouveaux produits. Ne vous attendez donc pas à voir de nouvelles marques révolutionner la vape en 2022 !
Pour l’instant, les normes que la STMA va imposer à l’industrie de la e-cigarette ne sont pas encore définies. Les fabricants peuvent encore défendre leur business puisqu’une consultation publique a lieu à ce sujet jusqu’au 29 janvier.
Conclusion
Fin novembre, le gouvernement chinois a amendé la loi régissant son monopole sur les produits du tabac pour y inclure la cigarette électronique.
Bien que cette mesure est présentée comme une volonté du pays de mieux contrôler la qualité des produits, elle va surtout lui permettre de générer des revenus fiscaux colossaux.
La Chine produisant l’immense majorité du matériel de vape vendu dans le monde, cela pourrait également avoir un impact non négligeable sur le marché de la cigarette électronique à l’échelle internationale !
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