Angleterre : la cigarette électronique bientôt prescrite aux fumeurs
L'Actu de la vape 04/11/2021 166
L’agence britannique des produits de santé, la MHRA, vient d’autoriser les fabricants de cigarettes électroniques à soumettre leurs produits au même processus d’approbation que les médicaments. Une décision qui pourrait faire du Royaume-Uni le premier pays au monde à prescrire médicalement la e-cigarette.
Lorsque nous vous rapportons les actualités internationales sur la cigarette électronique, ces nouvelles sont rarement encourageantes. Cependant, l’Angleterre a toujours fait exception à la règle en se montrant particulièrement ouverte à cet outil de réduction des risques qu’est la vape.
C’est donc sans surprise mais avec enthousiasme que la vaposphère a découvert vendredi 29 octobre 2021 la bonne nouvelle : le Royaume-Uni pourrait bientôt se mettre à prescrire médicalement la cigarette électronique aux fumeurs souhaitant sortir du tabagisme.
Une décision qui pourrait bien s’avérer être une plaque tournante dans la lutte antitabac de ce pays !
La e-cigarette reconnue comme produit médical
Bien qu’ayant un des taux de tabagisme les plus bas d’Europe, l’Angleterre a encore dénombré 64 000 morts du tabac en 2019. En plus d’être une problématique de santé publique majeure, le tabac est aussi un révélateur d’inégalités socio-économiques qui touche tout particulièrement les régions les plus défavorisées de ce pays.
C’est donc dans la continuité de son plan de « rééquilibrage » que le gouvernement de Boris Jonhson a annoncé la décision du MHRA, l’agence britannique du médicament, d’autoriser les fabricants de cigarettes électroniques à soumettre leurs produits à l’approbation de cet organisme, ce qui signerait officiellement leur entrée dans l’arsenal des produits médicaux .
Lorsque des produits auront été approuvés par le MHRA, l’Angleterre deviendra donc le premier pays au monde à autoriser les médecins à « décider au cas par cas s’il est approprié de prescrire une e-cigarette à des patients pour arrêter de fumer ».
Des produits plus sûrs pour les utilisateurs
Cette décision a dans l'ensemble été bien accueillie par la communauté médicale qui, comme Sir Norman Lamb, ancien ministre de la Santé qui siège dans le comité à l’origine de cette décision, est « convaincu(e) que ce sera une plaque tournante » pour la lutte antitabac.
Donner une licence médicale à des cigarettes électroniques, c’est aussi garantir aux fumeurs des produits plus sûrs, puisque le ministère de la Santé assure qu'il leur faudra passer des tests particulièrement rigoureux pour l'obtenir.
Si le Royaume-Uni compte déjà 3.6 millions de fumeurs, 1 sur 3 n’a pourtant jamais essayé la cigarette électronique. Cette licence devrait donc les rassurer sur la dangerosité de ces produits.
Tout en rappelant que les cigarettes électroniques « contiennent de la nicotine et ne sont pas sans risque », le ministère de la Santé britannique rappelle que les études ont montré sa moindre nocivité par rapport au tabac et leur efficacité dans le sevrage tabagique, ce qui en fait un outil prometteur pour atteindre leurs objectifs d'une Angleterre sans tabac d'ici 2030.
Une licence difficile à obtenir
Malgré tout, certains professionnels de la santé sont assez sceptiques quant aux bénéfices d’accorder de telles licences aux cigarettes électroniques.
Tout d’abord, si cette autorisation peut ouvrir de nouvelles opportunités commerciales aux fabricants, elle risque dans les faits d’être compliquée à obtenir car les démarches pour soumettre des produits à la MHRA sont aussi complexes que coûteuses, ce qui restreint son accessibilité à un petit nombre de fabricants.
Dans une interview donnée à la BBC, le Pr Peter Hajek, directeur de l’unité de recherche sur la dépendance tabagique de l’université Queen Mary de Londres affirme ainsi que « les fumeurs sont plus susceptibles de profiter des bénéfices de la e-cigarette s’ils peuvent choisir les saveurs, le dosage [de nicotine] et les produits qu’ils apprécient, plutôt que d’être limités aux produits sous licence »
Il remet aussi en question la pertinence de cette mesure coûteuse pour le système de santé anglais, alors même que « les fumeurs achètent déjà avec joie » ces produits.
Pour lui, il serait ainsi plus judicieux de recommander des produits existants et qui sont déjà bien régulés par les réglementations sur la protection des consommateurs.
Conclusion
Bien qu’il soit encourageant de voir que certains pays saisissent cette incroyable opportunité qu’est la cigarette électronique pour faire reculer le tabagisme, seul l’avenir dira si faire de la cigarette électronique un produit médicalement prescrit permet à l’Angleterre d’atteindre son objectif d’un pays sans tabac d’ici 2030.
Espérons que, si c’est le cas, l’Europe saura tirer des leçons de l’expérience positive de son voisin britannique !
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