COVID-19 : vapoteurs et fumeurs n’ont pas plus de risque de contracter le coronavirus

Étant une maladie qui affecte le système respiratoire, l’épidémie de COVID-19 inquiète particulièrement les fumeurs. Selon toute vraisemblance, le tabagisme dégradant fortement les poumons, il eut été logique que les fumeurs y soient particulièrement exposés.

Pourtant, en avril 2020 des chercheurs de l'hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière annonçaient que les fumeurs étaient moins touchés que le reste de la population par le virus. Cause probable de cette hypothèse étonnante, la nicotine qui avait alors été envisagée comme remède préventif et curatif au COVID-19.

Mais, puisque cette année fut riche en rebondissements, d’autres études sont venues la contredire, puis la réaffirmer, si bien qu'il finit par être compliqué de démêler le vrai du faux. Et le vapotage n’a, quant à lui, pas non plus été épargné par ces incessantes spéculations toutes aussi contradictoires les unes que les autres !

Une première étude qui indiquait que les fumeurs étaient moins atteints par le COVID-19

Dès avril 2020, des chercheurs français avaient émis l’hypothèse que la nicotine pourrait protéger du COVID-19, voire être utilisée comme traitement curatif contre ce virus. On découvrait ce qui fut surnommé « le paradoxe du fumeur » : alors que le tabagisme porte de nombreuses atteintes au système respiratoire et au système immunitaire, les chercheurs avaient découvert qu’il y avait 80% moins de fumeurs atteints par le virus en comparaison de leur proportion dans la population globale, ce qui semblait indiquer que le tabagisme avait une action protectrice contre le coronavirus.

En cause : la nicotine, suspectée de protéger les fumeurs de la contamination. Publié dans l’« European Respiratory Journal », celui-ci avait par la suite désavoué cette étude, car deux de ses auteurs n’avaient pas signalé leur potentiel lien d’intérêt avec l’industrie du tabac au moment de la publication -ce qui n’invalide pas pour autant ses résultats.

Malgré tout, cette hypothèse avait fait de nombreux émules et donné lieu à plusieurs études. Outre-Atlantique, l’une d’entre elles avait cependant trouvé des résultats qui indiquait au contraire que les fumeurs étaient non seulement plus à risque d’être infectés par le COVID-19, mais aussi plus à risque de contracter une forme sévère.

Qu’en est-il des vapoteurs ?

Une étude publiée en octobre 2020 dans le « Journal of Adolescent Health » indiquait que les mineurs qui vapotent étaient cinq fois plus susceptibles que ceux ne fumant et ne vapotant pas de contracter le coronavirus. Des conclusions basées sur l’étude du dossier médical de 4 351 adolescents et jeunes adultes américains qui ne parvenaient cependant pas à cerner précisément le lien de cause à effet.

Elle pointait notamment du doigt un potentiel effet inflammatoire de la vapeur sur les poumons qui, fragilisés, étaient alors plus susceptibles d’être contaminés, et ce notamment du fait d’additifs tels que la vitamine E et certains métaux lourds présents dans les e-liquides (produits illégaux).

Les auteurs de cette étude suspectaient également des comportements peu « covid-free » associés au vapotage comme au tabagisme, tels que des contacts répétés entre les mains et la bouche, mais aussi le rassemblement des fumeurs et/ou vapoteurs sans distanciation sociale et sans masque.

Cette étude avait été vivement critiquée pour sa méthodologie défectueuse, mais elle avait servi d’argument à de nombreux politiques pour mettre en place diverses interdictions à l’encontre de la e-cigarette. Une chasse aux sorcières basées sur des spéculations non étayées par des preuves scientifiques s’était alors engagée aux États-Unis avec pour argument qu’elle pourrait augmenter les risques de contamination au COVID-19.

Malgré de nombreuses études parues par la suite prouvant le contraire, mais qui n'avaient pas été relayées par les grandes autorités de la santé telles que l’OMS ou la Food and Drug Administration, les fumeurs ont été placés sur les listes prioritaires pour la vaccination.

Des mesures qui n’ont donc pas manqué de créer une certaine psychose chez les fumeurs et les vapoteurs en ces temps déjà pleins d’incertitudes.

Fumeurs et vapoteurs ne sont pas plus à risque face au COVID-19

Voilà donc une étude tout ce qu’il y a de plus sérieuse qui devrait les rassurer. Parue dans le « Journal of Primary Care & Community Health », elle a été conduite auprès de 69 264 patients -soit un échantillon bien plus conséquent que la précédente.

Elle conclut que les vapoteurs ne sont pas plus susceptibles d’être diagnostiqués du COVID-19, et que les fumeurs ont 57% moins de chances de le contracter.

En plus d’apporter des résultats bien plus fiables, elle fait également avancer la recherche scientifique en démontrant que ce n’est pas la nicotine qui protège les fumeurs du COVID -si c’était le cas, les vapoteurs présenteraient également moins de risques d’infection au SARS-Cov-2. 

Cependant, elle précise que « l’impact du tabac sur les risques d’infection au SARS-CoV-2 et la gravité du COVID-19 restent incertains ». 

Conclusion

Tandis que les vapoteurs ne sont pas plus touchés par le COVID-19 que les non-fumeurs et les non-vapoteurs, les fumeurs sont quant à eux bien moins susceptibles d’être diagnostiqués positifs au COVID-19. Si le constat est là, les scientifiques ne sont pour l’instant pas en mesure de déterminer les raisons de l'apparente protection des fumeurs face au coronavirus.

Comme plusieurs experts médicaux l’ont rappelé, cela ne doit cependant en aucun cas être une raison pour se mettre ou se remettre à fumer car, rappelons-le, le tabac est responsable de bien plus de morts chaque année que le COVID !