Pourquoi a-t-on envie de malbouffe quand on arrête de fumer ?

Arrêter de fumer est une des meilleures décisions que l’on peut prendre pour sa santé. Cependant, de nombreux facteurs peuvent nous faire hésiter et, parmi eux, la peur de prendre du poids se place en bonne position. Si vous avez déjà fait une tentative d’arrêt, vous avez certainement constaté que votre appétit s’en ressentait rapidement : burgers, pizzas, frites, gâteaux et autres gourmandises ultracaloriques vous attirent irrésistiblement. Vous avez beau savoir qu’elle est aussi mauvaise pour votre santé que pour votre ligne, résister à l’appel de la malbouffe n’en est pas moins difficile ! 

Heureusement, une étude parue en août 2021 dans la revue médicale Science Direct s’est penchée sur cette mystérieuse attirance que nous ressentons presque systématiquement pour la nourriture trop grasse, trop salée ou trop sucrée durant le sevrage tabagique. 

Moi, votre panda tout en rondeurs et en bons conseils, je vais donc vous expliquer pourquoi vous êtes pris de fringales incontrôlables, et surtout comment les éviter pour ne pas finir avec un tour de taille comme le mien !

Le cerveau cherche à compenser le plaisir de fumer par le plaisir de manger

Je vois que vous brûlez d’impatience de connaitre le mystérieux secret pour conserver une taille de guêpe malgré l’arrêt du tabac, alors je vais sans plus attendre vous révéler les précieux enseignements de cette étude.

Pour mettre en place l’expérience, les chercheurs ont constitué deux groupes de personnes âgées de 19 à 75 ans, l’un composé de fumeurs et l’autre de non-fumeurs (le groupe contrôle). Après s’être abstenus de fumer durant 24h, les deux groupes se sont vus proposer des collations. Le résultat fut sans appel : les fumeurs se jetaient plus facilement sur les aliments riches en gras, en sel et en sucre, et ingéraient plus de calories. 

Soyez donc rassuré : vos fringales ne sont pas l’effet de votre imagination, et encore moins la preuve d’un manque de volonté. C’est bien un processus biologique qui incite toutes les personnes qui arrêtent de fumer à manger plus !

Le cerveau compense le manque de nicotine par la malbouffe

Pourtant, de prime à bord, le lien entre tabagisme et nourriture est loin d’être évident. Pour comprendre pourquoi l’être humain semble avoir besoin de remplacer la nicotine par de la nourriture, et à fortiori par des aliments particulièrement caloriques, il faut aller voir ce qu’il se passe dans le cerveau.

Dans ses conclusions, l’étude pointe du doigt le système opioïde, une partie du cerveau responsable de la dépendance, mais aussi de la régulation de l’appétit. Lorsqu’on fume, la nicotine active ce système opioïde, ce qui libère alors de la dopamine, une hormone qui provoque une sensation de plaisir.

Le problème, c’est que le cerveau s’habitue à recevoir cette récompense qui devient progressivement un besoin : c’est la dépendance. Lorsque le cerveau est privé de sa dose de nicotine habituelle, il va chercher à obtenir cette récompense par d’autres biais. Or, la nourriture active ce même système opioïde !

La nicotine est aussi une molécule qui permet de réguler le poids et l’appétit

Évidemment, ce ne serait pas un problème si l’on avait de furieuses envies de cèleri ou de betterave. Alors, pourquoi le cerveau nous fait-il préférer les frites aux bâtonnets de carotte alors que tout ce gras finit par nuire à la santé ?

L’étude ne l’explique pas de façon certaine, mais plusieurs pistes peuvent expliquer cela. De façon générale, notre cerveau nous récompense plus lorsqu’on mange de la nourriture très calorique car faire des réserves permet de survivre lorsque l’on n’est pas sûr de trouver à manger pour son prochain repas. Le problème, c’est qu’à une époque où il suffit d’ouvrir son frigo pour trouver de la nourriture à profusion, cet instinct finit par être néfaste pour la santé !

En outre, se sevrer brutalement de la nicotine est particulièrement stressant pour le corps comme pour l’esprit. Or, la dopamine que le cerveau libère lorsqu’on mange est un moyen de soulager ce stress.

Enfin, ce besoin d’ingérer plus de calorie est aussi dû à la disparition de la nicotine qui a une action coupe-faim. Quand l’organisme n’en reçoit plus, l’appétit augmente.

Si l’on compte en plus le fait que la nicotine nous fait dépenser plus de calories et que l’arrêt du tabac permet de retrouver le sens du goût, les poignées d’amour ne tardent pas à pointer le bout de leur nez !

Rassurez-vous, cela n’a cependant rien d’une fatalité : il est possible d’arrêter de fumer sans pour autant finir avec une bedaine comme la mienne !

Pour éviter la prise de poids, il faut bénéficier d’un substitut nicotinique suffisamment dosé

Durant l’expérience, les fumeurs ont été séparés en deux groupes : l’un a reçu de la naltrexone (un médicament utilisé pour traiter l’addiction), et l’autre a reçu un placebo. Les chercheurs ont ainsi pu observer que « les participants étaient moins susceptibles de choisir de la nourriture riche en graisses après avoir reçu de la naltrexone qu’un placebo » !

Le médecin tabacologue Olivier Galera, interrogé à ce sujet par le journal Ouest France, a lui aussi pu observer ces effets secondaires de l’arrêt du tabac durant sa carrière, mais il affirme qu’ils peuvent être évités grâce à un accompagnement adapté.

En 2018, il a en effet suivi 129 patients à la sortie de leur hospitalisation, et a constaté qu’avec un bon suivi « Un mois après, 81 % n’avaient pas repris une cigarette et n’avaient pourtant pas pris de poids. Ils avaient même perdu 2,7 kg. Et deux ans après, ils avaient encore perdu 300 grammes. »

Pour éviter les fringales quand on arrêter la cigarette, il faut s'aider d'un substitut nicotinique avec un taux adapté

Selon lui, si beaucoup de personnes prennent du poids en arrêtant de fumer, c’est parce qu’elles se privent entièrement de nicotine ou parce qu’ils n’ont pas un dosage adapté. En effet, il estime que la dose maximale de 21 grammes autorisée dans les traitements de substitution tels que les patchs ou les gommes à mâcher est souvent insuffisante, raison pour laquelle il peut-être nécessaire de coupler plusieurs traitements.

Cela est aussi valable pour la vapote ! Comme je vous l’ai déjà répété dans de nombreux articles, vouloir baisser son taux de nicotine trop rapidement peut vous faire retomber dans la cigarette. À présent, vous savez également que c’est mauvais pour votre ligne !

Conclusion

Votre conjoint vous reproche de manger comme un ogre depuis que vous avez entrepris d’arrêter de fumer ? Maintenant, vous saurez quoi lui donner comme excuse : ce n’est pas de votre faute mais celle de votre cerveau qui cherche à compenser le manque de nicotine !

Mais, vous et moi, nous savons que ce n’est pas une si bonne excuse que cela, car la solution est à votre portée. Si vous avez envie d’engloutir le contenu de votre frigo, c’est qu’il faut certainement augmenter le dosage en nicotine de vos substituts ou de votre e-liquide !

Et vous, avez-vous réussi à conserver la ligne après votre arrêt du tabac ? Partagez votre expérience dans les commentaires !